SES [Travail Et Emploi]

Publié le par es-poirs

Fiche de Sciences Economiques et Sociales :
Travail et emploi :

Population active : elle regroupe les personnes occupant un emploi rémunéré et celles qui sont à la recherche d’un emploi (Population sans emploi à la recherche d’un emploi, PSERE). Les chômeurs font donc partie de la population active, mais ils sont des actifs inoccupés.

Dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), Adam Smith montre l’intérêt de la division du travail par le biais de l’exemple d’une manufacture d’épingle.
La division du travail a plusieurs conséquences qui sont positives pour l’entreprise :

-          La division du travail permet d’accroître la productivité car les ouvriers, en se spécialisation dans l’accomplissement d’une seule tâche, acquièrent une dextérité et une rapidité plus grandes.

-          Elle permet de réduire les temps morts en limitant les lieux de production, et, par conséquent les déplacements ; les flux sont ainsi plus « tendus ».

-          Enfin, elle mène au progrès technique. Elle incite les ouvriers à trouver les bonnes techniques de production et les fabricants de biens d’investissement  à rechercher les machines les plus efficaces.

La division du travail est un indicateur du développement d’un pays. Dans les pays développés, les infrastructures facilitent les transports de marchandises, la division du travail peut s’étendre.
La rationalisation nécessaire au développement de la division du travail, l’organisation nécessaire au transfert des surplus modifient les mentalités et les rapports humains.

Le taylorisme :
La division du travail se développe dans l’optique technique et utilitariste à la fin du XIXème siècle. Aux Etats-Unis, Frederick Winslow Taylor (1856 – 1915), ou en Europe Henri Fayol (1841 – 1925), mettent en place les moyens d’accroître la productivité grâce à la rationalisation de l’organisation du travail. L’Organisation Scientifique du Travail (OST), mise en œuvre par Taylor, permet aux entreprises d’augmenter la productivité grâce à une meilleure répartition des tâches et à la réalisation d’une division du travail verticale, attribuant les tâches en fonction de la position hiérarchique, et horizontale, séparant les tâches de salariés situés au même niveau.

Le taylorisme est fondé sur trois postulats (= suppositions) fondamentaux :

-          Il est possible de décomposer le travail geste par geste jusqu’au résultat final.

-          Il existe un fossé infranchissable entre celui qui est chargé de diriger et de réfléchir à la gestion et à l’organisation de l’entreprise et celui qui accomplit les tâches de base.

-          Il existe une relation de pouvoir qui supprime la maîtrise du travail de l’exécutant. Il s’agit d’une relation de type dominant/dominé à tous les niveaux de la hiérarchie.

Le fordisme :
Les postulats du taylorisme sont repris dans le fordisme. Le changement principal entre les deux modèles d’organisation du travail concerne la technique du chariot mobile qui apporte le travail à l’homme dans les usines d’Henri Ford (1863 – 1947). Le défaut et l’avantage de ce mode organisationnel, sont la nécessité de produire en grande série des objets standardisés permettant de réaliser des économies d’échelle. Le consommateur peut trouver décevant de ne pas obtenir un bien particulier. Par exemple, il est difficile d’obtenir une voiture de la couleur que l’on souhaite. La Fort T, voiture emblématique de la marque, était noire.
L’innovation essentielle de Ford est de comprendre que la distribution d’un salaire permet d’accroître le revenu et par conséquent la consommation. C’est le five dollars Day : en 1914, le salaire passe de 2,43 dollars à 5 dollars par jour, ce qui entraîne une hausse du pouvoir d’achat.
Le cercle vertueux du fordisme est à la base de la forte croissance des Trente Glorieuses.
Les dysfonctionnements du fordisme apparaissent en 1968 avec des revendications qualitatives plus que quantitatives :

-          Les revendications se multiplient et dégénèrent en grève.

-          Le taux d’absentéisme augmente.

-          Le taux de turn over est plus élevé.

-          Le gaspillage, le chapardage et les malfaçons se développent.

En fait, la négation du facteur humain est l’erreur fondamentale du tayloro-fordisme.

Le toyotisme (ou Kan-Ban) :
Le toyotisme est une méthode de gestion apparue dans les supermarchés américains et introduite dans l’industrie automobile par la firme Toyota dans les années 1950. Le but de cette méthode est de rendre possibles les adaptations de la production aux aléas de la demande. Il s’agit donc de l’organisation inverse de celle du fordisme. Avant le Kan-Ban, on produisait puis on cherchait des débouchés. Pour qu’une telle organisation du travail soit possible, il faut que l’entreprise investisse de manière à robotiser ses ateliers. Parallèlement, il faut que le personnel soit polyvalent, qu’il soit capable d’occuper plusieurs fonctions.

Ce modèle organisationnel est critiqué. Notamment parce que les ouvriers sont utilisés et remerciés au gré de la fluctuation de la demande.
Le toyotisme recherche les cinq zéros : 0 délai, 0 défaut, 0 papier inutile, 0 stock et 0 panne.
Pour les consommateurs, il existe une garantie de bonne fabrication du produit. Il n’est plus utile de demander, comme ce fut longtemps le cas aux Etats-Unis, si la voiture que l’on désire acheter a été fabriquée un lundi ou un vendredi, jours où les ouvriers manquaient grandement de vigilance. Les robots sont fiables tous les jours.
Certains syndicats s’opposent à la flexibilité. Ils considèrent qu’il s’agit d’un recul par rapport aux acquis des salariés (salaire fixe, emploi assuré). Les employeurs, au contraire, affirment qu’il s’agit d’une solution d’avenir pour assurer des débouchés aux produits français, face à la concurrence internationale.
Actuellement, même le pays le plus avancé sur la voie de la flexibilité, le Japon, connaît une économie dualiste. Cela fait dire à certains que les percées de l’industrie japonaise se font au détriment des petites entreprises. La grande entreprise ne serait qu’une vitrine sur le pays du Soleil Levant montre aux Occidentaux.

Le post-taylorisme :
Ce sont des tentatives d’améliorer le tayloro-fordisme grâce à :

-          La rotation des postes : on veut rompre la monotonie des tâches. L’efficacité est limitée, c’est une perte de productivité.

-          L’élargissement des tâches : mais celles-ci restent pénibles.

-          L’enrichissement des tâches.

-          Mise en place de groupes semi-autonomes.

Le fondement du post-taylorisme doit donc être recherché dans la gestion participative du personnel. Ce sont les cercles de qualité, la direction par objectifs définis chaque année conjointement par les salariés et la direction.
Les qualifications requises sont de plus en plus pointues. Les conditions de travail dans beaucoup de branches se sont améliorées, mais les améliorations entrainent une disparition des salariés les moins qualifiés.

Depuis une vingtaine d’année, les taux d’activité ont connu une double transformation : les femmes sont de plus en plus souvent actives et, comme les hommes, elles débutent leur vie active plus tard et la terminent plus tôt. Les raisons sont à chercher dans les transformations culturelles, dans la possibilité de maîtriser la fécondité, dans une scolarité plus longue et dans l’avancée du départ à la retraite.

Le marché du travail représente le lieu (fictif) où se rencontrent les offres et les demandes de travail. La théorie néoclassique fiat l’hypothèse que ce marché est unique.

Le produit marginal du travail représente l’augmentation de la production réalisée lorsqu’un travailleur supplémentaire est embauché, toutes choses égales par ailleurs, c'est-à-dire, et principalement, à capital constant.
Si le produit marginal est supérieur au salaire réel, il existe un profit réalisé sur chaque employé. Pour augmenter le profit, il faut donc accroître le nombre d’employés. La conséquence en est que l’emploi est déterminé par le niveau relatif du salaire par rapport au produit marginal.

L’hypothèse néoclassique de l’homogénéité du marché du travail peut être invalidée par les observations statistiques qui indiquent l’existence de deux marchés du travail :

-          Le marché primaire regroupe les emplois traditionnels, caractérisés par des emplois a durée indéterminée (CDI) qui sont généralement à temps complet. Les salariés appartenant à cette sphère de l’emploi stable sont mieux lotis, non seulement par la nature de leur emploi, mais aussi parce qu’ils bénéficient d’une protection et d’avantages certains. Leurs salaires sont relativement plus élevés, ils bénéficient d’une prime ou d’un avancement à l’ancienneté, ils sont mieux défendus par les organisation syndicales car ils sont électeurs aux élections professionnelles, ils ont des avantages sociaux.

-          Le marché secondaire regroupe les emplois atypiques qui représentent les nouvelles formes d’emplois obéissant à une logique de flexibilité. Ce sont des contrats à durée déterminée (CDD), des contrats temporaires et d’intérim. Les avantages sociaux sont faibles et le salarié peut difficilement espérer une promotion dans l’entreprise.

La situation française actuelle est encore caractérisée par une forte présence de l’emploi stable (80%) mais les nouveaux emplois créés sont majoritairement des emplois de la sphère précaire.
La précarité se développe et elle concerne essentiellement les jeunes, les femmes et les immigrés.
Le dualisme du marché du travail français tend ainsi à provoquer une forme d’exclusion sociale qui touche les plus démunis des salariés.

Il existe plusieurs définitions du chômage :

Pour le BIT (Bureau International du Travail), quatre conditions doivent être remplies pour être compté parmi les chômeurs :

-          Etre sans emploi pendant la semaine de référence de l’enquête.

-          Etre en âge de travailler.

-          Rechercher un emploi rémunéré.

-          Etre en quête effective de cet emploi et être disponible dans les 15 jours.

En France, l’INSEE (Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques) fournit les statistiques au sens du BIT.

Enfin, le Pôle Emploi donne le nombre légal de chômeurs : est au chômage toute personne sans emploi, inscrite à l’ANPE comme cherchant un emploi durable à temps plein pour lequel elle est immédiatement disponible.

Le chômage dépend donc de conventions arbitraires qui peuvent se modifier. Les chiffres varient en fonction de la définition, mais le chômage des jeunes est toujours le plus important, qu’il s’agisse des hommes ou des femmes.

On distingue souvent quatre types de chômage : le chômage conjoncturel, le chômage déguisé, le chômage frictionnel et le chômage structurel :

-          Le chômage conjoncturel résulte d’un ralentissement temporaire de la croissance économique. La crise se traduit par un ralentissement de la croissance du PIB et donc des emplois.

-          Le chômage déguisé concerne des emplois dont la productivité est fiable, voire nulle.

-          Le chômage frictionnel est lié aux délais d’ajustement de la main d’œuvre d’un emploi à l’autre.

-          Le chômage structurel est lié aux changements de longue période intervenus dans les structures démographiques, économiques, sociales et institutionnelles (mutations de l’appareil productif, etc.). L’insuffisance de la qualification des actifs et/ou leur trop grande spécialisation sont responsables de l’inadéquation des actifs aux emplois proposés par les entreprises.

Pour les néoclassiques, le chômage est le fruit d’un dysfonctionnement du marché du travail. En effet, si la concurrence pure et parfaite existe, ou si l’on tend vers elle, alors le chômage est volontaire. Dans ce contexte, les libéraux préconisent de favoriser la flexibilité du travail afin de lutter contre les rigidités du marché. Ces rigidités sont essentiellement constituées par les obstacles à la régulation par le marché qui présentent l’Etat, les syndicats ou les habitudes des offreurs de travail.
Il existe deux formes de flexibilité du travail : la flexibilité quantitative et la flexibilité fonctionnelle.

La flexibilité quantitative :
C’est celle qui permet aux entreprises d’adapter à court terme leur niveau d’emploi et/ou la durée du travail aux impératifs de la conjoncture.
Il existe trois types de flexibilité quantitative :

-          La flexibilité externe : l’entreprise peut faire varier le nombre de ses salariés par des licenciements ou par le non-renouvellement de CDD.

-          La flexibilité interne : il s’agit de faire varier le volume des heures travaillées sans faire varier le nombre de salariés.

-          La flexibilité par externalisation : l’entreprise peut faire gérer par d’autres les actifs qu’elle emploie. Il peut s’agir du recours à des prestataires de services (intérim) ou à la sous-traitance.

La flexibilité fonctionnelle:
Il s’agit d’une flexibilité qualitative. L’entreprise s’adapte aux variations de la conjoncture grâce à la polyvalence des salariés. Il y a mise en œuvre d’ateliers flexibles…
Mais il existe aussi une flexibilité des rémunérations qui consiste à supprimer tout minimum légal interdisant le libre fonctionnement du marché du travail. Les salariés doivent être payés selon la confrontation de l’offre et de la demande.

Le chômage keynésien :
La conception néoclassique est critiquée par les keynésiens. En effet, ceux-ci estiment que la flexibilité conduit à une diminution de la distribution de revenu qui produit une faiblesse de la consommation et ainsi une faiblesse de la demande de biens et de consommation comme de bine d’équipement.
Un des éléments centraux de l’analyse keynésienne est la notion d’anticipation. Ce sont les prévisions et les espérances des chefs d’entreprise qui peuvent améliorer la situation. S’ils sont optimistes, ils voudront profiter d’une relance de la consommation et donc ils investiront, embaucheront et distribueront des salaires qui permettront d’accroître la demande. Les anticipations se réaliseront. Mais ce qui est vrai dans l’hypothèse optimiste l’est tout autant dans le cadre d’une hypothèse pessimiste et une croyance en la détérioration de la situation économique peut provoquer la crise.
Dans la mesure où Keynes ne pensait pas vraiment que les entrepreneurs initieraient le processus d’eux-mêmes, il préconisait l’intervention de l’Etat par l’intermédiaire d’une politique de relance expansive. En cas de crise, l’Etat injecte des revenus dans le circuit économique, ou diminue les impôts, afin d’accroître la demande des consommateurs. Cette hausse favorisant l’investissement, la demande globale augmenterait et permettrait le retour à la croissance.

Malinvaud et le chômage mixte :
Edmond Malinvaud, économiste français né en 1923, tente une synthèse des théories néoclassique et keynésienne.
Selon lui, il existe trois cas de figure dans le cas du chômage :

-          L’excès d’offre sur le marché des biens et services et sur le marché du travail : on est en présence d’un chômage de type keynésien révélé par l’insuffisance de la demande de biens et services.

-          L’excès de la demande sur le marché des biens et services et l’excès de l’offre sur le marché du travail : on est en présence d’un chômage classique. Des salaires trop élevés sont responsables de l’excès de demande de biens et services (inflations) et de la baisse du taux de marge, incitant les entreprises à licencier.

-          L’excès de la demande sur chacun des deux marchés à l’image de ce qui peut se passer dans une économie planifiée. Un chômage déguisé par la sous-productivité apparaît, ainsi qu’une inflation.

Pour Malinvaud, la crise actuelle est la résultante des chômages classique et keynésien. Il pense donc qu’il est nécessaire de maintenir des politiques de relance combinées à une plus grande flexibilité du marché du travail. Il entrevoit même la baisse du prix du travail, à condition que, grâce à l’embauche, elle ne conduise pas à une diminution de la masse salariale versée par les entreprises.

Quelques dattes dans la lutte contre le chômage :
è
1967 : Naissance de l’ANPE.
è
1975 : Instauration de l’autorisation administrative de licenciement.
è
1988 : Instauration du Revenu Minimum d’Insertion (RMI) par le gouvernement socialiste.
è 2000 : Passage aux 35 heures grâce au gouvernement socialiste.

 

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